Réminiscence + Réminiscence contre la chronologie.
Ma démarche en tant que danseuse était d'allier diverses pratiques et passions artistiques telles la danse, la photographie et la vidéo afin de retranscrire un art vivant en visuels tout en gardant une idée du mouvement, d'un volume, d’une respiration, d'essayer d'éviter le placage d'images.
Il en a découlé l'idée de l’utilisation de la pause longue en photographie pour la « trace », celle du corps en mouvement, de moments fugaces qui de visu laissent une trace dans la mémoire visuelle et qui elle même sera altérée par nos propres filtres et cadres que l’on appose sur une vue, par le propre intérêt que l'on a de retenir une image et moins une autre, d'avoir un focus sur un détail laissant une sorte de flou sur le reste d’une présence. Parfois en ressort une apparence éloignée comme une opacité du souvenir, un instant fugace en mouvements, la superposition d'images pour mieux rappeler ce que le temps peut engendrer comme métamorphoses dans notre mémoire visuelle, notre mémoire tout simplement.
Ceci s'inscrit donc de fait dans un vécu propre à chacun, celui-ci est souvent un sédiment, une matière que toute personne revoit, réutilise, efface, en ravive les sens, invente aussi comme le montre de récentes recherches sur la mémoire en médecine cognitive.
Dans ce processus de captations de mouvements lors d’improvisations et de performances j’ai tenté de déjouer parfois ma mémoire visuelle en appuyant sur le déclencheur selon différents comptes d’une pause longue en anticipant le mouvement avec la prétention de me dire que ma mémoire garderait cet instant là. Après 10 ans ma mémoire se joue de moi et ces clichés imprimés en sont d’autres témoins. La vivacité de ces moments quant à eux s’approchent bien de la fameuse « Saudade ».
Cet intérêt sur la captation de mouvements du corps fut abordé en corrélation avec un travail sur la captation de mouvements, la mémoire du corps, la mémoire visuelle tout au long d'une formation artistique (Formation Intensive Accompagnée 2008- 2009) au sein du Centro Em Movimento de Lisbonne. Sujet que j’ai poursuivi par la suite.
Merci aux danseurs et performers : Paula Petreca, Paula Carneiro Dias, Issak Erdoiza, Costanza Givone au C.E.M. de Lisbonne, Hsu Hai Wen, Eva Vandest au CCN d e Montpellier, Junior Zafialison au Festival de la Dance Contemporaine de Marrakesh,
Luciano Amarelo dans un lieu réinvesti de Lisbonne.